De toutes les guerres auxquelles le Canada a participé, la Première Guerre mondiale fut celle où les soldats canadiens s’illustrèrent le mieux et par le fait même éleva le Canada du rang de colonie de l’empire britannique à celui, plus noble, de pays indépendant. Dans cette optique, nous avons décidé de nous concentrer uniquement sur les conditions de vie des soldats canadiens durant la Grande Guerre, puisque chaque guerre apporte son lot de différence. La question de recherche que nous avons retenue pour ce travail fut de savoir s’il y avait eut une différence dans les conditions de vie des soldats canadiens français, lors de la Première Guerre mondiale, comparativement aux conditions de vie des soldats canadiens anglais. Notre hypothèse est qu’il y a effectivement de légères différences, visibles dans la perception qu’avaient les canadiens anglais et les Britanniques sur les Canadiens de langue française. Cette perception, étant négative, obligea les soldats canadiens français à démontrer leur capacité aux combats ainsi que leur courage de façon plus soutenus que les soldats canadiens anglais. Dans ce travail, nous avons centré notre regard sur le 22e bataillon qui est composé que de Canadiens français. Il est évident qu’il eu des Canadiens français qui combattirent au côté de bataillon de langue anglaise comme par exemple ce fut le cas du 117e Bataillon des Cantons de l'Est qui servi dans le 14e Bataillon, le 24e Bataillon, le 5e Canadian Mounted Rifles et le 87e Bataillon, tous évidemment de langue anglaise. Seulement, il aurait été trop laborieux de procéder ainsi puisque les sources sur le sujet se font plutôt rares. Dans ce travail, nous allons traiter des problèmes de recrutement des Canadiens français, la création du 22e bataillon, des conditions de vie sur les champs de batailles, les conflits qui opposèrent les Canadiens français aux Canadiens anglais et finalement comment le 22e bataillon fut écarté des combats susceptibles de lui donner les plus grands honneurs.
Le problème de recrutement des soldats canadiens de langue française posa un problème dans les milieux anglophones du Canada qui n’hésitèrent pas à considérer les francophones comme n’ayant pas suffisamment de courage ou même d’être stupide. Seulement, les causes du problème de recrutement des Canadiens français s’expliquent en partie par le conflit des écoles d’Ontario qui donnera des raisons de plus aux canadiens français de croire que l’ennemi est intérieur et non extérieur comme le laisse entendre Jacques Michel ;
« […] ces graves dissensions intestines au sujet de l’enseignement du français, en leur rappelant brutalement que leur ennemi à eux était au Canada même et non en Europe, n’étaient pas précisément faites pour les inviter à s’éloigner des lieux où ils se voyaient menacés dans leurs intérêts les plus chers. »
Ensuite, la campagne nationaliste de M. Bourassa proposait aux canadiens français de défendre le territoire canadien d’une éventuelle attaque, mais que le conflit opposant les Européens ne regardait pas les Canadiens habitant l’Amérique du nord. Cette position politique est aussi un appel au nationalisme canadien français qui s’oppose à l’impérialisme britannique et désire faire du Canada un pays indépendant. Finalement, le recrutement des soldats dans la province de Québec fut faite par des recruteurs anglais protestants, il est alors évident qu’il fût difficile d’attirer les Canadiens français catholique à s’intégrer dans une armée anglaise et protestante. De plus comme le souligne Jacques Michel dans sa réponse à M. André Siegfried ; « […] l’armée canadienne […] a été organisée par des Canadiens britannique, dans un esprit britannique, selon une conception unitaire, où le désir de faire à l’élément français sa part légitime semble n’avoir pas existé. » Dans ce contexte, la création du 22e bataillon de langue française pu permettre un certain niveau de recrutement dans la province de Québec, bien qu’il était commandé en anglais.
22e bataillon canadien français
La création du 22e bataillon fut différente des autres bataillons, la cause de sa création est venue des pressions faites sur le gouvernement de la part des miliciens de la province de Québec dans le but de constituer un bataillon complètement francophone qui partirait avec le corps expéditionnaire canadien en Europe. Il faut souligner le rôle de La Presse dans la campagne de pression en faveur de la création de ce bataillon. La Presse ainsi que plusieurs miliciens et citoyens s’inquiétaient de la sous représentation des soldats d’origine francophone à la nouvelle base de Valcartier, créer le 8 août 1914. Pour palier à ce problème, une campagne de sensibilisation fut lancée auprès des Canadiens français. Pierre Vennat rapporte les propos de La Presse ; « C’est La Presse qui, la première, a lancé l’idée de régiments canadiens français. Ce fut non seulement un succès, mais un triomphe. » Ce quotidien est aussi à l’origine de nombreux témoignages de la part des soldats du 22e bataillon qui nous a permis de parfaire nos connaissances des conditions de vie de ces soldats canadiens et leurs conflits avec les Canadiens anglais. Le 22e bataillon participa dans plusieurs batailles importantes comme celui du mont Kemmel, le mont Sorrel, Courcelette où il s’est le plus illustré, l’attaque de Vimy, la cote 70 et nombres d’autres batailles. Ce bataillon fut tout d’abord sous le commandement du colonel Frédéric Gaudet avant qu’il ne tombe malade, ensuite il passa aux mains du lieutenant-colonel Tremblay au cours de l’hiver 1916. La Presse titra quelques mots sur ce nouveau lieutenant-colonel en s’interrogeant sur la pertinence de mettre un jeune commandant ; « Ce nouveau lieutenant-colonel n’avait que 28 ans. C’était un des plus jeunes commandants, non seulement de l’armée anglaise, mais des armées alliées. » Bien que ce bataillon fut francophone, les ordres de mission furent donnés en anglais et dictés en anglais aux soldats francophone puisque le corps expéditionnaire canadien était sous le commandement Britannique, cela ne tarda pas à créer quelque conflit linguistique entre les canadiens français et anglais. Ce bataillon existe toujours aujourd’hui sous le même nom et est encore basé à Valcartier comme bataillon d’infanterie.
Condition de vie
Les conditions de vie des soldats canadiens durant la Première Guerre mondiale furent une des pires conditions jamais rencontrées par les forces canadiennes. La particularité des champs de bataille de 1914 à 1918 fut les tranchées. La guerre ne s’était pas passée comme les dirigeants européens l’auraient bien voulue, les combats s’étant matérialisés en position défensive et s’éternisa en guerre de tranchée. Les soldats canadiens n’échappèrent pas à cette impasse et durent soutenir les conditions déplorables occasionnées par les tranchées. La première chose qui venait miner le moral des soldats fut sans conteste la boue qu’ils qualifièrent souvent de gluante à cause des résidus des bombardements, des corps en décompositions et du pétrole. Corneloup, un soldat du 22e bataillon décrivit dans son ouvrage comment se passait une journée ordinaire dans la boue des tranchées; « S’enfonçant dans la boue et éprouvant à chaque fois une misère infinie à se dégager pour s’y renfoncer à nouveau. […] épouvantable procession de fantôme dégoulinants d’eau et de terre battue. » À cela, s’ajoutait les poux qui étaient transportés par les rats, attirés par les nombreux cadavres qui jonchaient le sol, le lieutenant-colonel Tremblay en laissa quelques mots dans son journal;
« […] pire des tourments, le supplice. On voyait des pauvres diables en casser le tuyau de leur pipe avec leur dents, tellement la douleur était forte. […] les soldats se mettaient le torse à nu, écrasaient cette vermine immonde qui renaissait sans cesse. Leur corps labouré par les coups d’ongles offrait de criantes et pénibles cicatrices bleuâtres. »
Il y avait aussi le manque d’eau qui venait pourrir la vie des soldats canadiens, comme leur nourriture était extrêmement salée, plusieurs soldats, en déshydratation, ne pouvaient même plus manger parce que cela accentuait leur soif. Aussi pour rajouter à l’horreur de la guerre, les cadavres de soldats morts ne pouvaient pas toujours être évacués des champs de bataille. L’odeur et la vue des corps constituaient un quotidien pour ces soldats, le major Tremblay rapporta une anecdote qui traduit bien cet horreur lorsqu’il érigeait un ruisseau qui débordait ; « Je rencontre de la résistance, alors je fais un effort et voilà!! C’est horrible. J’ai dans les mains la tête d’un mort. » La météo, la soif et l’horreur de la guerre n’étaient pas les seules conditions désastreuses qui affligeaient les soldats, il y avait aussi l’équipement de mauvaise qualité, en particulier le fusil Ross. Ce fusil de fabrication canadienne était de mauvaise fabrication. Sa longueur ne correspondait pas à la réalité des tranchées et la baïonnette avait aussi tendance à se détacher du fusil lorsque l’arme faisait feu. Aussi l’arme s’enrayait constamment et la culasse, si le Ross était mal assemblé, pouvait sortir violemment de son socle et occasionner quelque fois la mort des tireurs. Les Allemands utilisa une nouvelle arme durant ce conflit, le gaz asphyxiant. Ce gaz était principalement du clore en grande concentration qui était à l’état de gaz. Cette arme fut terrible pour ses blessures immondes qu’elle occasionna au survivant et terrible aussi au niveau psychologique puisque les soldats devaient revêtir un masque à gaz qui masquait leur vision et rendait leur respiration difficile. Ajouter a cela les tirs incessants de l’artillerie qui pilonnaient les tranchées et positions de défenses sans cesse, les tirs de mitrailleuses, de mortiers et de grenades rendaient la vie cauchemardesque pour tous soldats. De plus, les soldats canadiens avaient droit seulement à un congé annuel de dix jours comparativement aux soldats français et britanniques qui eux avaient droit à dix jours de permission à tout les quatre mois. Le temps passé au front était constitué de rotation à tous les huit jours, les soldats passaient des tranchées à la garde arrière qui consistait au ravitaillement ou tout autre travail administratif. Cependant, il y avait un autre moyen d’avoir un congé du front et ce fut l’hospitalisation. Dans le cas de blessure grave, comme la pénicilline n’existait pas encore, les blessés n’avaient pas grande chance de survie, mais dans le cas d’une blessure mineure, l’hospitalisation fut un moyen de s’extirper des conditions atroces du front. Mélanie Morin-Pelletier décrivit ce que ressentaient les soldats durant leur soin; « La plupart des soldats semble bien heureux d’être la cible de cette infantilisation. Au front, on leur apprend à être des automates, à l’hôpital, ils redeviennent des êtres humains. » Quelque fois, les blessures qui empêchaient la réintégration des soldats au front, comme l’éclatement des tympans ou l’amputation d’un membre pouvaient les rendrent éligibles à un retour au pays. Dans les autres cas, le retour au front était un processus difficile, mais obligatoire et bien que les infirmières n’avaient pas comme tâche de préparer les soldats à leur retour au front, elles s’acquittaient volontiers de ce rude travail comme l’indique Mélanie Morin-Pelletier ; « […] les infirmières militaires et le personnel médical postés sur le front ouest préparent des séances de divertissement qui incluent du théâtre, de la musique, des visites historiques, des activités sportives et des jeux. »
Finalement, les soldats qui se faisaient prendre prisonnier par les Allemands étaient amenés dans des champs de travail ou tout simplement des prisons. Les Canadiens furent considérés à part des autres prisonniers européen comme le présente Desmond Morton ; « Les Canadiens faits prisonniers à Ypres se souviennent d’avoir été battus, harangués et menacé parce qu’on les considérait comme des Geldsoldaten, c’est-à-dire des mercenaires, qui n’avaient aucune raison de combattre l’Allemagne. » Essentiellement, les soldats et les officiers canadiens étaient séparés et rassemblés avec des soldats ou officiers de toute nationalité. Les Allemands donnaient des rations alimentaires contenant quelque 2700 calories par jour et permettait à la Croix-Rouge de délivrer des paquets aux prisonniers. La convention de la Haye obligeait les Allemands à respecter des règles éthiques envers ses prisonniers de guerre. Pour faire arrêter les rumeurs de mauvais traitements, ils ont permis à des observateurs indépendants de visiter les champs de prisonniers et ainsi améliorer les conditions de vie des prisonniers.
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